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Yéti 4

YETI-quatrième partie

Il ne me reste qu’une affaire à régler.

Où est passée Stéphanie ?

Problème pas très difficile à éclaircir. Qui était au rendez-vous à la place de Steph ? Philippe.

Qui m’a donné mon ordre de mission ? Philippe.

Quelque chose me dit que si je me mets à fureter, les choses pourraient mal tourner. Je vérifie donc que l’argent pour le contrat Yéti est bien à l’abri sur mon compte bancaire sécurisé. Le montant exact a été viré. Avec cette somme, j’ai de quoi tenir un certain temps.

Je peux alors détricoter la piste Philippe.

Je trouve ce connard à la maternité de l’hôpital Armand Trousseau, Paris 12è. Qu’est-ce qu’il fout là ?

—           Je suis Papa d’une petite Éléonore ! m’annonce-t-il, un sourire lumineux barrant son visage.

—           Félicitations, je grogne vaguement. La maman ?

—           Elle va bien, merci.

Ce n’est pas ma question. Je veux dire : et l’heureuse Maman, c’est quoi son petit nom ?

Il est dans son monde. Pas la peine d’insister.

Et surtout, un atroce pressentiment vient de me percuter la poitrine.

Un doute qu’il me faut dissiper. Le plus vite possible.

Je monte les escaliers quatre à quatre, je cours presque dans le couloir, je frappe, j’entre.

C’est bien ça. Ça pouvait pas être pire.

La jeune femme radieuse que je trouve assise dans son lit avec une petite teigne accrochée au sein, je me pince une dernière fois, n’est autre que Stéphanie.

—           Merde, Steph, t’as pas fait ça…

—           Tu n’es pas le centre du monde, me lance Phil qui me rejoint dans la chambre avant que la maman ne réponde. Mais trop occupée à voyager pour t’en apercevoir.

—           La faute à qui, je grogne, prête à mordre.

—           Allez, c’est un jour particulier. Enterrons nos aigreurs et réjouissons-nous.

Philippe se dirige vers un mini frigo et en sort une bouteille de champagne. Il sert trois coupes, en donne une à Stéphanie, une à moi et attaque la troisième sans trinquer.

—           Allez au diable! je rage en vidant ma coupe d’un trait.

Je n’ai plus rien à faire ici, je m’apprête à quitter les lieux avec un regard lourd à Steph et Phil m’attrape le bras.

—           Pas si vite, miss. J’ai quelque chose pour toi.

Je l’observe d’un air mauvais. Qu’est-ce qu’un jeune papa peut me proposer comme nouvelle cible ?

—           Je t’annonce ? s’amuse-t-il à me faire mariner.

—           Envoie.

Il me tend une feuille avec un nom et un montant.

Je grimace.

—           Tu es certain ? je dis.

—           Oui, mes clients sont formels. Elle représente une menace bien trop sérieuse pour leurs intérêts.

—           Je parle pas du nom, mais du montant.

—           Le montant est à la hauteur du préjudice que cette morveuse fait peser sur leurs affaires. À la hauteur de l’urgence aussi. Elle doit être éliminée avant le sommet de Davos, la semaine prochaine.

Je respire profondément et regarde Éléonore qui tète fébrilement.

—           C’est beaucoup d’argent, je continue.

—           Fais pas la pleureuse, ça te va pas d’avoir des états d’âme, me répond Phil.

Il a envie de mettre un terme à ma visite.

—           Prends ce fric et casse-toi !

Un éclair de lucidité acide me parcourt.

—           OK, c’est bon pour moi ! je sirupte.

Phil sent qu’un mauvais trip se trame. Il s’approche de moi pour m’inviter à me barrer, mais il n’a pas le temps de me saisir.

—           Et elle ? je décupte. Je vais lui rendre un grand service. Avec l’avenir que vous lui préparez, elle va en avoir besoin.

J’avance de deux pas, sors un revolver semi-automatique BERETTA APX Fileté calibre 9 mm PARA chargeur 17 coups de la poche interne de ma veste HERMÈS cuir rouge, vise Éléonore et fait feu à trois reprises. La petite poupée éclate sous l’impact des balles. Les détonations ne couvrent pas longtemps les hurlements de Stéphanie.

Des claquements se produisent tout autour de moi tandis que je cavale dans les escaliers et que je me carapate par les couloirs souterrains et les issues réservées aux poubelles. Ce con tire mal, mais je me méfie. Fou de douleur et de rage, il pourrait très bien être touché par la grâce divine.

Une fois dans la rue et hors de portées des balles, je remets de l’ordre dans mes cheveux et mes habits.

Visiblement, Steph et Phil n’ont pas été sensibles à mon intervention. Trop cons pour comprendre les enjeux de la situation. Trop conformistes. Pas assez préparés. Des intermédiaires minables entre des partenaires sans aucun scrupule et des effecteurs zélés.

Je hausse les épaules et détruis le message que m’a donné Phil.

Bien sûr que je vais l’honorer cette mission.

« Greta Thunberg – 780 M »

780 000 000 d’euro de prime versée intégralement en cas de réussite.

C’est le prix de la gamine.

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