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Un malheureux rayon de lune

Était-elle armée ? C’est la seule question à laquelle je n’ai pas pu obtenir de réponse après mes nombreuses filatures.

Elle est entrée dans le salon.

On ne voyait que mes pieds au milieu du salon, ma paire de chaussures John Lobb modèle Alston semelles prestiges luisant dans la lumière crue, éblouissante. Elle se tenait dans l’ombre, immobile.

– C’est toi qui me suis depuis des jours ?

Bien entendu, je ne réponds rien.

– Je me demandais quand tu finirais par te décider à entrer.

Elle allume une cigarette. A la lueur de la flamme du briquet, je la vois laisser glisser son manteau de fourrure au sol. Elle est nue sous la fourrure. Quel cliché !

Mais le cliché devient troublant lorsqu’elle humecte son index sur ses lèvres avant de le descendre entre ses cuisses.

L’image des femmes méduses a effleuré mon esprit.

– Depuis le temps que tu m’observes, tu dois être chaud comme la braise !

Elle s’est avancée doucement. Langoureusement. Ses pieds nus sont entrés dans la lumière. J’ai tiré. Cinq fois. Cinq détonations creuses. Ses pieds se sont immobilisés. Plusieurs filets noirs ont ruisselé long de ses jambes pâles. Une flaque sombre s’est formée et s’est arrondie. Et elle m’est tombée dans les bras, dégueulassant mes pompes de luxe.

Et, maintenant que j’avais son cadavre encore chaud dans les bras, j’ai maudit une nouvelle fois cette putain de conscience professionnelle et mon obsession du job parfait. Merde. J’aurais pu au moins me la taper avant de la buter. Un si beau petit bout de femme.

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