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colère au scanner

Hannibal l’appelle pour la dixième fois, fou de rage.

Ils sont au bout du rouleau
  • Qu’est-ce que tu fous ? Le patron de Cliniquéa vient de m’envoyer un soufflon de tous les diables ! Si le logiciel ne fonctionne pas demain matin, ils le basardent. Tu comprends ce que ça signifie ?

Qu’on ferme la boîte.

Alex le sait.

Julie et lui, ont tout repris depuis le début. Les mains tremblantes, les esprits en ébullition, les yeux rougis. Tout repris depuis l’installation de cette maudite mise à jour qui a planté le système de reconnaissance. Et impossible de savoir pourquoi.

Ils sont au bout du rouleau.

Alors Julie annonce qu’elle part courir autour du parc. Alex en profite pour se détendre dans un fauteuil avec de la musique.

Quand elle rentre, en soufflant, les joues rouges, ses yeux brillent.

  • Je sais. On va reprendre toutes les images. Y en a forcément une qui cloche.
  • Toutes les images ? Il y en a des millions !
  • Tu vois une autre solution ?
  • Avec un peu de chance, l’image qui merde est parmi les premières !

Sans partager l’enthousiasme de sa collègue, Alex replace son casque de réalité augmentée devant les yeux. Et commence à visualiser les images. Il scrute le plus vite possible les vignettes, et les trie sur l’immense écran mural qui leur fait face.

Des millions de scanners thoraciques. Des données qui nourrissent la machine afin de lui apprendre à repérer les anomalies. On appelle ça de l’intelligence artificielle. Tu parles. Y a rien de plus con qu’un ordinateur, la preuve…

  • L’image qui fait capoter le système doit être une erreur flagrante, dit Julie.
  • Ou pas, poursuit Alex qui pense qu’au contraire, que le diable se trouve dans les détails.

On verra si le malin qui a corrompu les fichiers est un pervers ou pas.

Après des heures de visionnage de milliers de vignettes – ils sont encore très loin des millions -, et après deux nouveaux appels d’Hannibal, alors que leur attention décline comme une bougie qui arrive en bout de course, Julie s’exclame :

  • J’en tiens une !

Alex bondit et ils échangent leur casque. Une image de chat est planquée au milieu des scanners.

  • Sales bêtes ! s’exclame Alex.
  • Il est tout mimi ! rétorque Julie.
  • C’est quel numéro de vignette ?
  • 234 567.
  • Bon sang. Quelle chance.
  • Le problème…
  • Y a pas de problème, on rentre !
  • Le problème, c’est qu’elle n’est sûrement pas la seule. Je visionne encore un peu. Rentre si tu veux.

Alex soupire. Mais il sait qu’elle a raison.

  • On peut imaginer que les données falsifiées répondent à une série, continue Julie.
  • Ouais… on peut. Mais laquelle ?
  • Les pirates ont l’air sympas. Un chat, le numéro de l’image. On va dire qu’ils ont appliqué un coefficient 2.
  • Go à la vignette 439 134.
  • Bingo ! Une tortue !

Et une truie en 938 268, une girafe en 1 876 536, un hippopotame en érections en 3 753 072 et… alors là ! Stupéfaits, ils enlèvent leurs masques. Ils n’ont plus envie de rire. La photo 3 753 072 leur coupe toute envie de quoique se soit. Elle représente le petit copain de Julie au lit avec la femme d’Alex.

  • C’est quoi ces conneries ! hurle Alex au téléphone avec Hannibal.
  • De quoi tu parles ?
  • De ma femme baisée par le copain de Julie !
  • Ah ça ! s’étonne Hannibal. Tout le monde est au courant. Sauf vous deux, visiblement…
  • Va te faire foutre Hannibal, braille Julie.
  • Allez les petits, c’est rien, remettez-vous au travail !

Se remettre au travail ?

Ils sont les seuls couillons qui se défoncent pour sauver cette boîte. Et pour quel résultat ?

  • J’ai une idée, dit Julie.

Alex est immédiatement d’accord.

Ils ajoutent à la série un selfie d’eux deux le majeur tendu bien visible. Et une photo de plage au sable blanc et aux eaux turquoises.

  • Bye bye les gonzes !

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